Les Chasses de Virgil Vosse : Partie 1

par Didier Teste

Voici une interview de Virgil Vosse, bien connu pour ses arcs, baptisés North Archery, mais l’homme n’est pas seulement un facteur très réputé, il est aussi un grand chasseur…

Dans le numéro 30 de Charc, lors d’une interview, Virgil évoquait brièvement ses nombreuses chasses et nous avons eu envie d’en savoir plus sur celles-ci.

 

Charc : Comment as-tu découvert la chasse ?
Virgil Vosse : Je ne viens pas d’une famille de chasseurs, ni mon père, mon grand- père ou mon oncle ne chassaient chez moi. Je n’y connaissais rien et on m’a offert un arc quand j’étais gamin. J’en ai eu vite marre de tirer sur de la paille et un jour, j’ai tué une poule ! Mon père m’a donné une leçon que j’applique encore aujourd’hui : « ce que tu tues, tu le manges ! » Il ne m’a pas engueulé, il me l’a fait plumer, vider et cuisiner avec ma mère ! C’était ma première leçon de chasse que j’ai gardé en mémoire. À l’époque, on habitait en Eure-et-Loir, je sortais de la maison, il y avait les champs, les faisans, les lièvres, les chevreuils… Cela m’attirait, j’avais ça en moi. Je ne sais pas pourquoi je suis devenu chasseur et pourquoi je le suis encore. J’adore la traque, me retrouver en forêt avec mon arc…. Quand je ne l’ai pas avec moi, il me manque quelque chose !

 

Malgré ce premier gibier, tu as persisté…
Oui, j’ai beaucoup chassé car mon précédent métier me faisait énormément voyager et j’en profitais toujours, quand c’était un pays intéressant, pour y rester et pratiquer quand toutes les conditions étaient réunies. J’ai eu une chance incroyable car c’était l’occasion de faire plein de chasses que je n’aurais pu m’offrir, celles-ci étant trop chères et là, j’avais déjà l’hébergement, le billet d’avion. Et puis je rencontrais des gens sur place et je n’avais pas besoin nécessairement de passer par des guides car j’ai pu créer des liens, des amitiés. J’avais ce très gros avantage grâce à mon travail.

 

Vers quelles destinations ?
J’ai habité aux USA durant six ans et j’ai beaucoup chassé. J’ai vécu aussi trois ans en Australie et j’y ai travaillé pendant un an et demi tous les jours, ensuite j’ai chassé durant autant ! On avait un vieux 4x4 et on s’est promené dans le pays, j’ai même été en Nouvelle-Zélande. On se baladait et j’ai rencontré dans les fermes beaucoup de gens qui me menaient à une autre ferme. Le but n’était pas forcément de chasser tous les jours mais il y a énormément d’animaux et de gibier là-bas. Cela ne nous coûtait rien et parfois on nous payait ! Le fermier nous donnait du cash pour tuer des renards ! Le lapin est un fléau total pour l’Australie par leur densité et il y a donc énormément de renards. Cela nous payait l’essence, la bouffe et après on repartait…

 

Tu as fait la même chose aux États-Unis ?
Oui, mais il y a plus de monde et la chasse est un vrai business là-bas mais tu peux chasser comme ça. Je n’ai jamais pratiqué sur une propriété privée uniquement sur des “Public Lands”. Je prenais mon bracelet, mon permis de chasse et je vivais ma vie ! C’était très facile : je plantais ma tente, je savais si je pouvais faire un feu, je connaissais les zones où je pouvais chasser. Mon animal de prédilection c’est le wapiti et au final, ça me coûtait moins cher que de tirer un grand Cerf en France. Une fois acheté le bracelet, là-bas tu peux tirer sur le record du monde ou sur un simple daguet, c’est le même prix !

 

C’est un état d’esprit aux USA…
Oui, j’aime leur côté paradoxal : ils adorent les trophées mais en même temps tu n’as pas le droit de gâcher la viande, c’est interdit ! Lors de ma dernière chasse, j’ai été contrôlé par un ranger qui est venu vérifier et voir ce que j’avais découpé. Si tu as juste gardé les bois et laissé l’animal sur place, les voyages aux États-Unis, c’est fini pour toi ! C’est un délit. Jamais tu ne pourras y retourner de nouveau. Ils ont gardé cette tradition qu’on avait en France : tu remplis le frigo, le congélateur. Ils récupèrent toute la viande et ils en font des saucisses, de la viande séchée, des steaks hachés. Ils ont les deux pendants : la ‘’trophéite’’ aigüe et le partage de la viande avec leurs amis, la famille. Pour eux c’est important surtout dans l’ouest américain. Quand tu te promènes dans le Colorado, au moment de la saison, tu vois très régulièrement des wapitis sortis des pick-ups, c’est très naturel. Ils ont gardé cette tradition surtout dans les Rocheuses, les gens vont à la chasse… Il n’y a pas de discussion. Quand ils te voient avec un arc ils trouvent ça naturel. C’est très agréable, ils discutent avec toi et ce n’est pas la même histoire en France quand on se balade avec un arc ! Par contre, aux États-Unis, ils sont plus intrigués par les arcs traditionnels. Ils ne tirent quasiment qu’avec des compounds, ils ont peu de gens qui tirent en “tradi”. Ce sont des antiquités pour eux ! Ils étaient aussi intrigués par le fait que je ne porte quasiment pas de camouflage. Et puis, ils sont très branchés par le matériel, le dernier gadget. S’ils peuvent, ils te collent des GO Pros partout et dans tous les sens ou des urines de ”bidule” ! Ils ne rigolent pas avec le matos ! Alors que moi je me promène et si je fais des rencontres, que j’ai de la chance, c’est tant mieux pour moi !

Propos recueillis par Didier Teste