Les Chasses de Virgil Vosse : Partie 2

par Didier Teste

Voici une interview de Virgil Vosse, bien connu pour ses arcs, baptisés North Archery, mais l’homme n’est pas seulement un facteur très réputé, il est aussi un grand chasseur…

Dans le numéro 30 de Charc, lors d’une interview, Virgil évoquait brièvement ses nombreuses chasses et nous avons eu envie d’en savoir plus sur celles-ci.

 

CHARC : Tu es plutôt approche ou treestand ?
Virgil Vosse : En fait pour le treestand, j’ai le vertige ! Il y a une chasse organisée tous les ans à laquelle je suis invité, chez Xavier Pechenart et d’autres amis, et une année ils m’avaient posté sur un treestand. Tout le monde, en passant devant moi, me disait mais « qu’est-ce que tu fais ? » « Eh bien, j’ai le vertige ! » J’étais assis comme je suis assis là ! Ils m’ont tous pris en photo et cela a duré tout le week-end ! (Rires !) Non, je n’aime pas le treestand ! J’adore l’approche mais en fait c’est une suite d’affûts consécutifs car tu vas t’arrêter, tu vas laisser l’animal finir le chemin. J’aime bien me coller contre un chêne et attendre là parce que l’endroit est juste sublime et que la lumière est belle. Je me dis pourquoi pas là ?! Et j’aime bien aussi traquer et me dire, je vais par-là, on verra bien. J’aime donc tout particulièrement la traque et l’approche. C’est plutôt mon truc ! Pour moi, le brocard d’été, reste le summum !

CHARC : Dans notre précédent numéro, tu évoquais tes chasses aux États-Unis, as-tu déjà chassé l’ours ?
Virgil Vosse : J’ai été invité une fois au Québec et j’avais sympathisé avec un gars dont le père tenait une pourvoirie. Je sais que je vais en froisser certains mais je n’ai pas aimé du tout ! Perché sur un treestand à attendre qu’un animal vienne se mettre la tête dans le bidon, je n’avais pas envie de ça ! J’ai vu des ours c’était super, je me suis fait bouffer par les moustiques comme tous les copains là-bas, j’ai aussi passé un bon moment car les Québécois sont des gens formidables, super accueillants mais ce n’était très clairement pas mon truc !

CHARC : Et tu as fait un second voyage là-bas, non ?
Virgil Vosse : J’avais rencontré en Australie un Américain qui habitait Kodiak en Alaska et qui était venu chasser le buffle d’eau dans le Nord de l’Australie. Il y en avait beaucoup sur Melville Island et c’est un endroit que je connaissais bien. J’en avais tué deux et je lui ai proposé de l’emmener là, et en échange, il m’invitait en Alaska. C’est une des destinations les plus onéreuses au monde, je ne pouvais pas me payer un voyage comme ça ! Il a donc tiré son buffle et il a tenu parole, je suis venu en Alaska, sur l’ile de Kodiak, pour tirer le grizzly et le black tail, un petit cerf à queue noire très beau. Je n’ai pas tiré d’ours pour être honnête car j’ai eu la trouille ! Vraiment, j’ai eu peur, l’animal est tellement gros même si mon copain était en ‘’back-up’’. On chassait dans des endroits remplis de petits arbustes et de dédales de chemins, forcément, tu es à bon vent, tu es en train de chasser et tu peux tomber sur un grizzli qui roupille ou qui vient droit sur toi ! Les deux, trois premières nuits furent difficiles ! On dormait sous des tentes entourées de piquets avec une batterie de bagnole qui produisait de l’électricité. Quand on voit la taille d’un grizzli, l’installation électrique et son arc… tu te demandes ce que tu fais là ! Mais pourquoi ?!!

CHARC : Un voyage éprouvant ?!
Virgil Vosse : On s’est fait rincer ! L’Alaska, le Yukon, les Territoire du Nord, ça se mérite ! Je crois que c’est Don Thomas qui a dit qu’il y a deux sortes de chasseurs : ceux qui ont chassé en Alaska et les autres… Tu remets des vêtements trempés tous les jours. Physiquement, c’est très difficile ! J’ai pu tirer quand même un black tail. Les ours on en a vu beaucoup et j’ai eu deux occasions de tir, hyper proches ! Je ne l’ai pas fait car je me suis dégonflé. D’un seul coup, tu es de l’autre côté et tu te dis : « ce n’est pas moi le tout puissant… mais peut-être bien le steak, finalement ! » 

CHARC : Et dernièrement ?
Virgil Vosse : En septembre dernier, dans l’Idaho, avec TJ Conrads, rédacteur en chef de Traditional Bowhunter, on a croisé des ours. Moi, j’ai eu la chance de tirer un wapiti, la première heure, le premier jour de l’ouverture ! Une chance incroyable ! C’était un super voyage.TJ était vert durant tout le reste du séjour! De temps en temps, on venait voir la carcasse et on croisait des coyotes, des loups et on a vu un ours qui roupillait après avoir ripaillé. TJ l’a réveillé mais il ne l’a pas tiré, il était un peu loin. Notre camp était situé sur une crête et le matin on pouvait choisir de quel côté on chassait en fonction du vent et les animaux passaient d’un côté à un autre. Et puis un matin, alors que je m’étais levé pour préparer le café et satisfaire un besoin naturel, je suis tombé nez à nez avec un ours qui descendait, il devait se balader ! Je suis vite rentré dans la tente et j’ai réveillé TJ qui s’est foutu de moi : « Tu ne vas pas me réveiller à chaque fois que tu vois un ours ! T’inquiète pas, il a eu plus peur que toi ! Tout va bien ! » (rires) Voilà les expériences que j’ai eu avec les ours !

Propos recueillis par Didier Teste